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Le guide du repreneur : organiser ses 100 premiers jours pour réussir la reprise

Bien se préparer

Racheter une société est un processus long et complexe qui, loin de s’arrêter au volet de la négociation financière et des modalités de la transaction, comporte un volet humain central dans la réussite du projet de reprise. Quel que soit le secteur et le type d’entreprise concernés, le repreneur se doit de préparer un plan de transition aussi robuste et détaillé que pour l’acquisition et ainsi éviter tout faux pas. Parce que le changement et l’incertitude font peur, vous n’arrivez pas en terrain conquis. À vous d’adopter une attitude adéquate à l’immersion et à la conduite de vos ambitions.

Les 100 premiers jours du repreneur sont souvent dépeints comme la période charnière à l’issue de laquelle vous saurez si la passation est une réussite ou un échec. L’enjeu est crucial : toutes les parties prenantes ont des attentes plurielles vis-à-vis du nouveau dirigeant et de ses méthodes de leadership. Nouveau dirigeant : pour prétendre l’être, encore faut-il le devenir. Pour que la prise en main opérationnelle se fasse avec brio, observons en trois temps comment soigner votre arrivée et engager le plan de reprise.

Le temps de l’observation

L’objectif est de s’établir dans la continuité de l’audit préalable en menant une stratégie de proximité. Adoptez une position d’écoute active pour comprendre l’organisation interne, vous faire une première idée de la culture d’entreprise et identifier les interlocuteurs clés. Ce diagnostic vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur le contexte et ses spécificités.

Avant toute chose, les présentations sont de mise en interne (salariés) et en externe (clients, fournisseurs, institutions bancaires). Une bonne opportunité pour parler de votre parcours professionnel, vos domaines d’expertise et vos ambitions pour la société. Un conseil : humilité et discrétion de rigueur. Le risque serait, si vous en dévoilez trop sur vos intentions, de déstabiliser votre auditoire au lieu de le rassurer, de générer des confrontations au lieu d’instaurer un climat de confiance.

En interne, bien identifier les jeux d’influence. Certains collaborateurs peuvent assumer des fonctions de leadership informel et pourraient opposer des résistances aux changements. L’idée est de vous appuyer sur ces personnes pour accéder plus facilement au savoir de l’entreprise. Focus opérationnel sur la gestion des stocks, sur les systèmes d’information, les échéanciers clients, les savoir-faire et plus globalement, tous les éléments qui impactent la productivité et le rendement de l’activité.

Pour les partenaires externes, la découverte précède l’observation. Le mot d’ordre est « pourquoi ». Qu’est- ce qui motive les relations avec les fournisseurs et les clients : un lien historique ? la qualité des produits et des services ? la réputation ? le prix ? l’affect avec l’équipe commerciale ? la distribution ? Une fois l’exercice terminé, vous aurez une meilleure appréciation des politiques à mettre en place.

Le temps de l’intégration

C’est le moment pour jouer la proximité et rassurer les collaborateurs. Les inquiétudes quant à votre arrivée sont nombreuses : la cession va-t-elle engendrer une vague de licenciements ? Les acquis comme les salaires ou certains avantages vont-ils être remis en question ? Les horaires vont-ils s’allonger ? La possibilité de faire du télétravail va-t-elle disparaître ? Des questionnements qui impactent le collectif et qui impactent aussi au cas par cas les salariés. Toute relation de travail se base sur la confiance et, ce climat de confiance, c’est vous qui allez le créer en étant proche de vos équipes.

Durant les 100 premiers jours, mettre à contribution votre intelligence émotionnelle sera déterminant pour la motivation future des équipes. Notre conseil : donner de votre temps pour apprendre à connaitre plus intimement tous les salariés. Oui, TOUS les salariés. Organisez des créneaux de 30 minutes à 1 heure. Nul besoin de dessiner les contours des rendez-vous par avance, vous pouvez laisser l’initiative au collaborateur. Les passions, la situation familiale, le bilan professionnel, toute information est la bienvenue.

Trouver la bonne posture pour qu’à la fin des entretiens, votre interlocuteur se sente compris, entendu, qu’il ait réussi à exprimer ses attentes, ses besoins et que vous, de votre côté, vous gagnez en crédibilité à ses yeux. Il est possible qu’on cherche à vous tester, à vous déstabiliser. Relever le défi : cela contribuera à vous faire gagner en légitimité. Désormais le patron, c’est vous !

Le temps de l’action

Pour conduire le changement, commencez par prioriser les actions à mener. Il faut être dans la rupture et la continuité, prendre des engagements forts qui tiennent compte du passif de la société. Faut-il démarrer par une politique d’amélioration des points faibles ou externaliser ce qui crée peu de valeur ajoutée et se concentrer sur ses points forts ? La réorganisation des ressources humaines et de l’appareil de production est-elle prioritaire sur la formulation d’une nouvelle offre produit ?

Sans rentrer dans la précipitation, les actions doivent matcher les objectifs en suivant un ordre logique. La communication avec les équipes doit continuer dans un style motivationnel pour les mobiliser et les engager sur ces projets. Le changement de direction ne doit pas faire perdre de vue l’essentiel : tous les salariés sont acteurs de la réussite des projets et de leur propre réussite. C’est l’occasion de donner à ceux qui, pendant les entretiens, se sont démarqués, de nouvelles responsabilités.

L’exécution des missions ouvre la question du cadre de travail, des règles et des modalités de réalisation des livrables. Ce cadre, vous devez le fixer avec fermeté sinon, vous vous exposez aux interprétations des uns et des autres, un flou entretenu pour masquer une baisse de la productivité orchestrée. Organiser le reporting, c’est vous assurer que le plan est suivi, que les actions sont menées et que les résultats sont là. Désormais, vous pilotez l’activité. Garder bien en tête que votre arrivée répond à un besoin et que, si votre légitimité peut être contestée, la légitimité de votre projet elle, est inébranlable. Si vous devez vous impliquer à 100% au cours des 100 premiers jours, sans mauvais jeu de mots, pensez aussi à vous protéger et à aménager du temps pour vous.

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